SOMMAIRE
Utilisez le menu ci-dessous pour naviguer rapidement dans le dossier
Utilisez le menu ci-dessous pour naviguer rapidement dans le dossier
Ma chère tante Fanny,
Quel dommage que Léo soit trop petit et que vous n’ayez pu venir hier soir avec nous !! C’était tout simplement magnifique !! Vous savez combien Maman aime l’opéra mais que nous n’avons pas souvent l’occasion d’en entendre !! Eh bien là, même si ce n’était pas de l’opéra italien (vous savez qu’en juillet, Maman a déjà entendu ici la Traviata), c’était féerique : Grand-Père Marius a dit que voir jouer la musique de Léo Delibes devant le palais de l’Indochine, avec tous les artistes indochinois en figurants, du coup cela rendait cette Lakmé là plus vraie que nature !! Bon je sais que l’Indochine n’est pas l’Inde, mais quand même c’était plus fantastique que les décors à l’opéra : on se croyait transporté là-bas ! Et puis quelle leçon que cette belle histoire d’amour entre la princesse indienne et le colon anglais… mais aussi quelle différence entre les colons anglais et nous, si j’en crois tous les compte-rendus qui sont présentés à l’Exposition justement !
Bref, pour être sûr que je ne sois pas trop fatigué le soir pour le spectacle, nous nous sommes contentés de visiter l’après-midi une « petite » section, celle des Colonies autonomes (1) . Petit pavillon, mais quel grand nombre de paysages différents, quels contrastes ! Après les chaleurs de la Cote française des Somalis (Grand-Père Marius et Maman n’ont pas manqué de déguster une tasse de café « harari » que Grand-Père a jugé très fin), nous sommes passés à la froidure de Saint-Pierre-et-Miquelon : je croyais que toutes nos colonies étaient dans des pays chauds, là j’ai été bien surpris par ces paysages enneigés ! Et je ne savais pas que la morue avait autant d’utilisation : on en fait même de la colle ! Ca m’a bien intéressé car vous savez que j’avais dévoré « Pêcheurs d’Islande » que vous m’aviez offert pour mon anniversaire et où il est beaucoup question de pêche à la morue aussi. Et après avoir bien humé la vanille dans la section de La Réunion, j’ai bien évidemment été fasciné par les Etablissements français d’Océanie : les senteurs des échantillons de coprah, café, sucre, vanille et coton me transportaient là-bas, autant que les photographies et dioramas ! C’était bien le paradis terrestre, tel que je l’avais lu dans la Description d’un voyage autour du monde de Bougainville que Grand-Père Marius a acheté cet hiver chez un brocanteur !
Je vous embrasse bien fort,
Gustave
Notes
(1) Le palais des colonies autonomes regroupait les expositions de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane française, la Nouvelle-Calédonie, les établissements français d’Océanie, les Nouvelles Hébrides, les établissements de l’Inde française, la Côte française des Somalis, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion.